Le patient souffrant d’anxiété perçoit le monde différemment

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Rédigé par Hadrien V. et publié le 15 mars 2016

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De récentes études suggèrent que l’anxiété proviendrait d’une perception différente des stimuli extérieurs, et non pas du choix d’une attitude prudente par défaut. Le cerveau associerait de façon généralisée les expériences vécues à un sentiment négatif.

Anxiété : des difficultés à discriminer l’agréable et le désagréable

Les recherches ont été conduites à l’aide de tests comparatifs chez des personnes souffrant d’anxiété et des patients saints. L’expérience consistait à apprendre 3 stimuli aux individus testés. L’un était associé au gain d’argent, l’autre à la perte d’argent et le dernier à une absence de conséquence. Par la suite, les scientifiques ont soumis aux sujets un stimulus (parmi 15 différents) et ont demandé s’ils avaient perçu l’un des 3 appris auparavant.

Les chercheurs ont constaté que les patients souffrant d’anxiété ont une propension plus forte à se tromper. Cela dénote d’une tendance à associer de nouveaux stimuli au gain ou à la perte d’argent. La perception des stimuli a été erronée, conduisant à les associer à des expériences vécues dans le passé.

Selon Rony Paz, chercheur à l’Institut Weizmann, « l’expérience émotionnelle qui induit la plasticité des circuits neuronaux (autrement dit, l’apprentissage) dure même une fois l’expérience terminée ». Cette caractéristique induirait une incapacité perpétuelle à distinguer une expérience apprise comme mauvaise et une nouvelle expérience présentant des similitudes.

L’environnement est perçu comme anxiogène

Cette théorie expliquerait pourquoi un individu souffrant d’anxiété peut ressentir un sentiment d’inconfort dans des situations a priori banales. Les expériences ont été appuyées par l’analyse du cerveau avec l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Les clichés ont montré des différences de fonctionnement, notamment au niveau de l’amygdale cérébrale.

Les amygdales cérébrales – à ne pas confondre avec les amygdales pharyngées et cérébelleuses – sont des noyaux neuronaux situés dans chaque lobe temporal et impliqués dans l’apprentissage émotionnel, notamment pour les réponses à la peur ou à l’anxiété.

Si l’anxiété est un sentiment normal, voire positif d’un point de vue évolutionniste, les troubles anxieux généralisés constituent une pathologie handicapante. Le stress généré par les stimuli extérieurs conduit à une fatigue généralisée et continue des patients. Rony Paz explique qu’il existe des différences de plasticité cérébrale entre les individus qui peuvent conduire à l’anxiété, bien qu’elles ne soient pas dangereuses en soi-même. Une aide pour la compréhension de la maladie et sa prise en charge.

Hadrien V. Pharmacien


Source :
Offir Laufer & al. « Behavioral and Neural Mechanisms of Overgeneralization in Anxiety ». Current Biology. 03/03/16