Travail, stress et cancer

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Rédigé par Delphine W. et publié le 24 février 2017

Stress travail cancer

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Le travail prescrit, ou travail protocolaire est formalisé par l’organisation et défini par des objectifs et des moyens. Il se différencie du travail réel, effectivement réalisé par les Hommes. Des écarts, non régulés, entre ce travail protocolaire et la réalisation effective de l’activité du travail peuvent s’avérer nocifs pour la santé des travailleurs. Notamment du point de vue cognitif et psychologique, entraînant une ou des situations de stress. Le stress au travail est alors une résultante, parmi d’autres, des effets du travail, sur la santé humaine. Par ailleurs, une exposition prolongée à ce type de situation serait liée à un risque accru de développer certains cancers…

A savoir ! L’ergonomie de l’activité du travail se différencie du travail prescrit, protocolaire et objectif, du travail réel, caractérisé par des efforts subjectifs. On appelle régulation, l’ensemble des processus, cognitifs, physiques et organisationnels, mis en place par les opérateurs, dans le but d’adapter leur activité de travail pour en limiter les conséquences sur leur santé, ainsi que pour l’entreprise (conséquences en matière de production, économiques, financières, organisationnelles, etc.)

Stress au travail et risque accru de cancer

Une récente étude canadienne, menée par une équipe de chercheurs de l’Institut National de Recherche et de la Santé et Sécurité au Travail (INRS), en partenariat avec l’Université de Montréal, a pu appuyer certains résultats concernant le stress au travail et l’impact cancérigène.

En effet, les hommes exposés à une situation de stress prolongée, dans le cadre de leur activité de travail, seraient plus à risque de développer un cancer du poumon, colorectal, de l’estomac ou encore un lymphome non-Hodgkinien.

A savoir ! Un lymphome non-Hodgkinien est un cancer qui se développe à partir des lymphocytes (variété de globules blancs présents dans le sang). Ce type de cancer apparaît au sein des ganglions lymphatiques ou plus rarement dans un autre organe. En passant par le sang, il peut, ensuite, s’étendre à l’ensemble de l’organisme.

Cette étude scientifique s’est intéressée à onze cancers différents. L’investigation a mis en évidence pour cinq de ces cancers un lien avec le stress au travail. Cette relation, entre stress au travail et cancer, a été observée au sein d’une population d’hommes, exposés à une situation de stress au travail généralisée (stress continu dans l’activité du travail), pour une durée comprise entre 15 et 30 ans d’activité.

Parmi les travailleurs, dont l’activité de travail serait la plus stressante, ont été recensé : les pompiers, les ingénieurs industriels, les ingénieurs de l’aérospatial, ou encore les mécaniciens.

Stress au travail : divers facteurs impliqués

L’étude a également démontré que le stress au travail n’était pas uniquement lié à la charge de travail (cognitives, physique et psychologique) ou encore au temps de travail. En effet, la nécessité de supervision et de contrôle dans l’activité de travail (problèmes économiques et financiers à gérer, travail exposé à des risques professionnels, conflits interpersonnels, trajets domicile/travail, etc.) en font également des sources de stress, listés par les participants.

Il est alors indispensable, dans l’évaluation du stress au travail, d’apprécier un ensemble de paramètres : la charge (physique, cognitive, psychologique, etc.), l’organisation, les relations hiérarchiques et interindividuelles, les facteurs environnementaux, les caractéristiques individuelles, etc.

Les résultats obtenus dans le cadre de cette étude se doivent, cependant, d’être considérés avec précaution. La liste des critères d’analyse, sur le développement du stress au travail, n’étant pas exhaustive. En ce sens, le lien entre le stress au travail et le développement de certains cancers, au sein d’une population masculine, a bien été mis en évidence. Néanmoins, des études épidémiologiques supplémentaires seraient nécessaires, s’entendant sur une liste de critères plus exhaustive, permettant d’en limiter les biais éventuels relatifs à l’étude explicitement évoquée.

Delphine W., Ergonome spécialisée en Santé au travail.


Sources :
Prolonged exposure to work-related stress thought to be related to certain cancers,INRS, Eurekalert, 17 janvier 2017