Que se passe t-il dans un cerveau soumis au stress chronique ?

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Rédigé par Julie P. et publié le 21 août 2019

Maux de tête, dépression, anxiété, délires… le stress chronique provoque de nombreuses pathologies au niveau de notre cerveau. Récemment, en réalisant des essais in vivo et in vitro, des chercheurs coréens pensent avoir décrypter le mécanisme cellulaire cérébral qui dysfonctionne sous l’influence du stress. Santé sur le Net revient sur les conclusions de cette étude très prometteuse pour mettre au point des thérapies préventives et curatives plus efficaces.

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Le stress inhibe la formation de nouvelles cellules nerveuses

Dans cette étude, les chercheurs ont étudié un mécanisme cellulaire connu : l’autophagie.

C’est un mécanisme cellulaire normal considéré comme ayant une fonction de survie cellulaire qui vise à éliminer les cellules défaillantes (ou les constituants des cellules) pour assurer le bon fonctionnement de l’ensemble de l’organe en question. Ici, en l’occurrence, le cerveau.

Cependant, de nombreuses études suggèrent que l’autophagie peut causer ou contribuer à la mort cellulaire dans certaines conditions.

En soumettant des souris à un stress chronique, les neurobiologistes de l’Institut de science et de technologie de Daegu, en Corée du Sud, se sont aperçus que :

  • Leurs cellules souches neurales situées dans l’hippocampe étaient soumises à une mort cellulaire autophagique provoquant la suppression de la neurogenèse, la formation de nouvelles cellules nerveuses ;
  • Le traitement in vitro des cellules souches neurales humaines par du cortisol (principale hormone du stress) induisait une mort cellulaire autophagique en activant la molécule SGK3 (sérine/thréonine-protéine kinase 3) ;
  • La suppression du gène codant pour la protéine SK3 chez des souris en situation de stress inhibe la destruction des cellules souches neurales de l’hippocampe.

À savoir ! Les cellules souches sont des cellules indifférenciées capables de générer des cellules spécialisées par différenciation cellulaire.

À savoir ! L’hippocampe est une structure paire du cerveau des mammifères jouant un rôle clef dans la mémoire et la navigation spatiale. C’est le siège de la production de nouveaux neurones tout au long de la vie et il joue un rôle primordial dans la mémoire des événements (mémoire explicite). La mémoire implicite (mémoire de savoir-faire ou procédurale) dépend, quant à elle, d’autres structures du cerveau.

Comment utiliser ces données pour contrer les effets du stress sur le cerveau ?

Finalement, l’ensemble de ces résultats met en évidence que le processus de mort cellulaire autophagique est très actif in vivo chez les mammifères et qu’il peut être directement influencé par le stress chronique.

Cette conclusion est importante quand on sait que le maintien du pool de cellules souches neurales de l’hippocampe après un stress chronique est déterminant pour prévenir la dégradation de la neurogenèse, un facteur influençant l’anxiété et la survenue de la dépression.

On sait que l’altération de la neurogenèse de l’hippocampe chez l’adulte est étroitement associée à des troubles psychologiques tels que l’anxiété, la dépression, le trouble de stress post-traumatique et le trouble panique. Il est également associé à des troubles psychiatriques comme la schizophrénie ou à des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer.

Ici, les chercheurs montrent que le stress chronique induit une autophagie des cellules souches neurales de l’hippocampe pour finalement, supprimer la genèse de nouveaux neurones dans cette région du cerveau.

De plus, ces travaux ont également permis de mieux comprendre les mécanismes pathologiques sous-jacents du stress chronique sur les performances cognitives (mémoire, orientation, réflexion, etc.) et de fournir des indices pour la conception de traitements des troubles neurologiques liés au stress chronique.

Dans la continuité de ces résultats, les chercheurs vont tenter de mieux comprendre le rôle de la protéine SGK3. Ensuite, et en fonction de ces résultats, ils tentont de mettre au point un agent pharmacologique empêchant cette SGK3 d’être réactive au stress et d’entraîner une cascade de réactions cellulaires aboutissant à l’autophagie des cellules souches neurales de l’hippocampe.

Julie P., Journaliste scientifique

– Le stress chronique endommage notre cerveau. Futura Santé. Consulté le 19 août 2019.
– Autophagic death of neural stem cells mediates chronic stress-induced decline of adult hippocampal neurogenesis and cognitive deficits. Tandfonline. Consulté le 19 août 2019.