Nomophobie, quels risques pour la santé ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 15 janvier 2021

Selon une étude publiée en 2018, plus de 60 % des Français déclarent ne pas pouvoir se passer de leur téléphone pendant toute une journée. L’un des comportements addictifs liés à l’utilisation du téléphone portable porte désormais un nom, la nomophobie (addiction au téléphone portable). Un phénomène émergent, renforcé par la crise sanitaire en cours, et qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur la santé. Explications.

Addiction au téléphone portable et nomophobie

La nomophobie est un terme apparu récemment, avec l’essor de la téléphonie mobile et de ses applications dans la vie quotidienne. Elle se définit comme la peur ou l’inquiétude éprouvée par une personne à l’idée de se retrouver sans son téléphone portable ou dans l’incapacité de l’utiliser. Phénomène en plein développement depuis plusieurs années, la nomophobie touche essentiellement les jeunes, qui passent plusieurs heures par jour sur leur smartphone.

La nomophobie présente plusieurs caractéristiques communes avec les addictions, marquée par une véritable angoisse ou anxiété chez les personnes privées de leur téléphone portable. Plusieurs études ont déjà dénoncé les effets négatifs de l’utilisation excessive des smartphones, parmi lesquels la nomophobie. Pourtant, dans la crise sanitaire actuelle, l’usage des écrans et en particulier des téléphones portables s’est considérablement développé, comme le montre une récente étude australienne.

La nomophobie touche plus de 99 % des personnes interrogées

Les chercheurs ont inclus dans leur étude 2 838 participants, interrogés sur leur utilisation quotidienne de leur smartphone et sur leur attachement à cet outil numérique. Les résultats des questionnaires ont révélé que plus de 99 % des participants présentaient une forme plus ou moins développée de nomophobie, des utilisateurs ayant développé une véritable angoisse face au manque de téléphone portable.

Sur l’ensemble des cas de nomophobie, la plupart étaient des formes légères à modérées (80 % des cas), et 13 % des formes sévères. Dans la majorité des cas, la nomophobie concernait des personnes utilisant beaucoup leur téléphone portable au quotidien. Ainsi, plus de 40 % d’entre eux utilisaient leur téléphone plus de trois heures par jour.

Un impact sur la santé, renforcé par la crise sanitaire

Comme dans les études précédentes, les jeunes, âgés de 18 à 25 ans, étaient les plus sujets à la nomophobie, et en particulier les individus de sexe masculin. Nomophobie et utilisation accrue du téléphone étaient par ailleurs associées à un risque majoré de comportements dangereux :

  • L’utilisation du téléphone portable en voiture ;
  • L’utilisation du téléphone portable dans un lieu où il est interdit.

La peur de se retrouver sans son téléphone portable ou d’être incapable de l’utiliser provoque non seulement des troubles anxieux, mais peut aussi impacter plus profondément la santé des utilisateurs, avec en particulier :

  • Un risque de dépression ;
  • Un isolement social, déjà fortement marqué en cette période de pandémie ;
  • Des comportements à risque.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Source
– Nomophobia: Is the Fear of Being without a Smartphone Associated with Problematic Use? . MDPI. Consulté le 13 janvier 2021.