Méditation de pleine conscience ou antidépresseur face à l’anxiété ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 11 décembre 2022

Selon les estimations, près d’un Français sur cinq connaîtra un épisode d’anxiété plus ou moins grave au cours de sa vie. L’anxiété est un enjeu majeur de santé publique, d’autant plus que ses conséquences sur la vie personnelle, sociale et professionnelle peuvent être importantes. Dans un récent essai clinique, des chercheurs ont comparé l’intérêt de la méditation de pleine conscience avec celui d’un médicament antidépresseur. Des résultats publiés dans la revue scientifique JAMA Network.

Femme qui pratique la méditation de pleine conscience

Qu’est-ce que la méditation de pleine conscience ?

La méditation de pleine conscience, appelée mindfulness en anglais, a été développée par Jon Kabat-Zinn à la fin des années 1970 pour réduire le stress des patients hospitalisés. Ses travaux ont permis d’élaborer un programme éducatif et préventif de réduction du stress grâce à la pleine conscience, en se basant sur les techniques de la méditation et du yoga.

La pleine conscience correspond à l’état de conscience d’une personne qui porte attention de manière intentionnelle et objective à une situation qu’elle est en train de vivre. La personne qui pratique la pleine conscience est donc en état d’éveil, contrairement à d’autres pratiques, comme la sophrologie ou l’hypnose. Depuis son développement, la méditation de pleine conscience connait un essor important et de plus en plus d’études scientifiques tentent d’évaluer son intérêt dans différents contextes pathologiques.

Méditation de pleine conscience ou antidépresseur ?

Dans une récente étude, des chercheurs américains rapportent justement les résultats d’un essai clinique créé pour évaluer l’intérêt de la méditation de pleine conscience dans la réduction du stress lié à l’anxiété. L’essai clinique randomisé a porté sur 276 adultes, souffrant de troubles anxieux, qui ont bénéficié de deux traitements différents :

  • Un traitement de 8 semaines par l’escitalopram (posologie de 10 ou 20 mg par jour), un antidépresseur de la classe des inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine, communément prescrit dans les troubles anxieux généralisés ou la dépression ;
  • Un traitement de 8 semaines par la méditation de pleine conscience, à raison d’une séance hebdomadaire.

L’objectif de l’essai était de comparer ces deux traitements, l’un médicamenteux, recommandé en première intention, et l’autre non pharmacologique, pas encore inscrit dans les recommandations de prise en charge. Après les 8 semaines de traitement, les patients ont été revus pour un suivi à 12 et 24 semaines.

Une solution non pharmacologique face à l’anxiété ?

Sur les 276 patients inclus dans l’étude, 208 ont achevé le traitement et le suivi, 102 dans le groupe « pleine conscience » et 106 dans le groupe « escitalopram ». Au terme de l’étude, le niveau d’anxiété des patients était réduit de manière comparable pour les patients des deux groupes. L’analyse statistique des données révèle que les données recueillies ne sont pas statistiquement différentes entre les deux traitements évalués et donc que la méditation de pleine conscience n’a pas d’action moins forte sur l’anxiété que l’antidépresseur.

Sur le plan de la tolérance, la méditation de pleine conscience s’est révélée être bien tolérée par les patients. D’après ces données, la méditation de pleine conscience permettrait de réduire le stress lié à l’anxiété autant que le traitement antidépresseur de première intention. Sans médicaments et donc sans les effets secondaires liés à ce médicament, il serait donc possible de réduire efficacement les troubles anxieux, grâce à la méditation de pleine conscience. Une nouvelle preuve de l’intérêt de certaines approches non pharmacologiques !

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Mindfulness-Based Stress Reduction vs Escitalopram for the Treatment of Adults With Anxiety Disorders. jamanetwork.com. Consulté le 24 novembre 2022