Éloigner la mère du stress, pour protéger le cerveau du fœtus

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Rédigé par Estelle B. et publié le 7 mai 2022

La période des 1000 jours est une période essentielle pour le bon développement de l’enfant. Elle conditionne la santé et le bien-être de l’individu tout au long de sa vie. Quel impact peut alors avoir le stress pendant la grossesse sur le fœtus ? Une récente étude s’est penchée sur ces questions. Elle livre des éléments de réponse dans la revue scientifique JAMA Network Open.

Femme enceinte stressée

Stress pendant la grossesse et développement cérébral fœtal

Il est couramment admis d’éviter autant que possible les sources de stress pendant la grossesse. Mais, quels sont les fondements scientifiques de cette recommandation ? Comment le stress psychologique subi par la mère peut-il impacter le fœtus, puis l’enfant à naître ? Le stress peut-il impacter le développement cérébral du fœtus ?

Face à de telles questions, des chercheurs ont récemment entrepris une étude sur une cohorte de mères et leurs bébés. Il s’agit d’une étude observationnelle longitudinale de 97 mères en bonne santé (âge moyen : 34,8 ans) et de leurs bébés. La période d’étude s’étalait entre janvier 2016 et octobre 2020. Au total, les chercheurs ont réalisé 184 IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) sur les bébés. L’objectif était de déterminer l’existence d’un lien entre le développement cérébral de l’enfant à 18 mois et le stress subi par la mère au cours de la grossesse (entre 24 et 40 semaines de gestation).

Un lien entre stress maternel prénatal et cerveau de l’enfant à 18 mois

L’analyse des données démontre que le stress maternel prénatal était associé négativement avec les performances cognitives de l’enfant. Ce lien entre stress maternel prénatal et développement cérébral de l’enfant reposait, en imagerie, sur le volume de l’hippocampe gauche (une zone impactée dans certaines maladies neurodégénératives).

Parallèlement, l’anxiété, le stress et la dépression maternels prénataux étaient positivement associés avec tous les indicateurs du stress parental lors des 18 mois de l’enfant. Enfin, les données d’imagerie ont révélé une association entre les capacités socio-émotionnelles de l’enfant, ses compétences et deux paramètres témoins du développement neurologique (l’indice de gyrification locale et la profondeur des sillons).

Pour une grossesse 100 % zen !

De tels résultats laissent supposer que le stress, l’anxiété et/ou la dépression subis par la mère au cours de la grossesse peuvent avoir des conséquences importantes sur le développement cérébral du fœtus. Ces conséquences seraient toujours visibles à l’âge de 18 mois et impacteraient négativement les fonctions cognitives et émotionnelles de l’enfant.

A ce stade, il reste impossible d’expliquer comment le stress maternel prénatal peut impacter le développement cérébral du fœtus. Également, les chercheurs ne sont pas en mesure de déterminer si cet impact est limité dans le temps ou s’il perdure sur le long terme. Les données recueillies pourraient néanmoins permettre d’identifier des biomarqueurs précoces de troubles du neurodéveloppement. Dans tous les cas, cette étude souligne l’importance de préserver au maximum la quiétude maternelle tout au long de la grossesse, et même après. Un nouvel argument en faveur des travaux de la commission des 1000 jours !

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Association of Elevated Maternal Psychological Distress, Altered Fetal Brain, and Offspring Cognitive and Social-Emotional Outcomes at 18 Months. jamanetwork.com. Consulté le 3 mai 2022.