Insomnie infantile : à l’origine de troubles anxieux à l’âge adulte ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 26 juin 2021

Et si la qualité du sommeil dans l’enfance avait un impact sur la santé mentale à l’âge adulte ? C’est ce que suggère une étude américaine selon laquelle les symptômes d’insomnie infantile qui persistent à l’âge adulte seraient de puissants déterminants des troubles de l’humeur et de l’anxiété chez les jeunes adultes.

Insomnie infantile

L’insomnie de l’enfant

Motif de consultation fréquent en cabinets de médecine générale et de pédiatrie, l’insomnie de l’enfant concerne 20 à 30 % des enfants de moins de 6 ans et jusqu’à 20 % des adolescents.

À savoir ! L’insomnie de l’enfant désigne à la fois les troubles de l’initiation du sommeil (trouble de l’endormissement, opposition au coucher, pleurs) et les troubles du maintien du sommeil (éveils nocturnes récurrents ou prolongés).

Or, en réduisant de façon chronique le temps de sommeil, l’insomnie infantile peut retentir sur le comportement de l’enfant pendant la journée et s’accompagner de fatigue, difficulté à se concentrer, irritabilité… Dès lors, des difficultés scolaires et d’apprentissage risquent d’apparaître ainsi que des troubles émotionnels, une somnolence diurne, voire une hyperactivité motrice.

Lorsque l’insomnie de l’enfant provoque un retentissement significatif sur la vie quotidienne, une prise en charge appropriée doit être mise en place. L’objectif est multiple :

  • Améliorer la qualité de vie et la qualité du sommeil de l’enfant.
  • Prévenir le passage à la chronicité des troubles de l’endormissement au moyen d’une intervention thérapeutique précoce.
  • Prévenir le retentissement diurne de l’insomnie.

Dans ce contexte, une étude américaine souligne l’importance des interventions précoces pour traiter les symptômes de l’insomnie chez les enfants.

De l’importance de traiter précocement l’insomnie infantile

Cette étude avait pour objectif d’évaluer l’impact des symptômes d’insomnie de l’enfant sur sa santé mentale à l’âge adulte. Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques se sont appuyés sur les données de la cohorte Penn State Child incluant 700 enfants d’un âge médian de 9 ans. Le suivi des participants s’est ensuite effectué 8 ans plus tard, à l’adolescence,  pour 421 participants (âge médian de 16 ans) puis 15 ans plus tard, à l’âge adulte pour 492 d’entre eux (âge médian de 24 ans).

Les symptômes d’insomnie (difficultés modérées à sévères à initier ou à maintenir le sommeil) ont été signalés par les parents dans l’enfance et déclarés par les participants eux-mêmes à l’adolescence et au début de l’âge adulte. Quant à la présence de troubles de l’intériorisation, elle a été définie sur la base d’une auto-évaluation, d’un diagnostic ou d’un traitement pour des troubles de l’humeur et/ou de l’anxiété.

À savoir ! Les troubles de l’intériorisation désignent des troubles mentaux affectant le « soi » et qui renvoient aux manifestations somatiques dues à l’anxiété, au stress ou à la dépression.

Après ajustement des résultats en fonction du sexe, de l’âge et de tout antécédent de problèmes de santé mentale, les chercheurs ont pu observer les résultats suivants :

  • Les symptômes d’insomnie persistants de l’enfance à l’adolescence et à l’âge adulte étaient associés à un risque 2,8 fois plus élevé de troubles de l’intériorisation.
  • Les symptômes d’insomnie qui se sont récemment développés au cours de l’étude ont été associés à un risque 1,9 fois plus élevé de troubles de l’intériorisation.
  • Aucun risque accru de troubles de l’intériorisation n’a été trouvé chez les enfants pour lesquels les symptômes d’insomnie se sont améliorés pendant la période de l’étude.

Par ailleurs, les chercheurs ont constaté qu’environ 40 % des enfants conservant leurs symptômes d’insomnie lors de la transition vers l’adolescence présentaient un risque de développer des troubles de santé mentale au début de l’âge adulte.

D’après les auteurs, cette étude démontre le lien entre les symptômes de l’insomnie infantile et les troubles de l’intériorisation (troubles dépressifs et anxieux) à l’âge adulte. Selon eux, les résultats de cette étude plaident donc en faveur d’interventions précoces sur le sommeil des enfants pour prévenir de futurs problèmes de santé mentale à l’âge adulte.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Persistent insomnia symptoms since childhood associated with mood, anxiety disorders. sciencedaily.com. Consulté le 20 juin 2021.
– Insomnie de l’enfant. vidal.fr. Consulté le 20 juin 2021.