Quand l’anxiété sociale altère l’immunité…

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Rédigé par Estelle B. et publié le 10 juillet 2022

Selon les estimations, environ 7 % de la population serait touchée par l’anxiété sociale, une forme de troubles anxieux. En effet, la pandémie de la Covid-19 aurait augmenter cette proportion depuis l’hiver 2020. Récemment, des chercheurs américains ont établi un lien entre l’anxiété sociale et l’immunité. Ces travaux sont parus dans la revue scientifique PNAS.

femme avec de l'anxiété sociale

Qu’est-ce que l’anxiété sociale ?

L’anxiété sociale peut aller jusqu’à la phobie sociale. En effet, elle correspond à une peur associée aux activités sociales, en particulier les activités où la personne doit faire preuve d’une certaine performance, comme par exemple parler en public. L’anxiété sociale se traduit par différents symptômes :

  • Une accélération du rythme cardiaque ;
  • Des tremblements ou secousses musculaires ;
  • Une transpiration excessive ;
  • Des douleurs musculaires ou abdominales ;
  • Des troubles digestifs (diarrhée) ;
  • Un rougissement ;
  • Une confusion mentale.

L’anxiété sociale peut, selon les stades, être gérée par la personne elle-même ou nécessiter un accompagnement. La prise en charge médicale, quand elle est nécessaire, s’articule autour de traitements médicamenteux, d’une psychothérapie et de séances de groupe.

Anxiété sociale et immunité

L’anxiété sociale aurait-elle un lien avec l’immunité ? C’est le résultat auquel ont abouti des chercheurs américains à l’issue d’une récente étude, menée sur 5 744 adultes âgés de plus de 50 ans. L’objectif était d’identifier une éventuelle relation entre :

  • Le stress social, par exemple des discriminations quotidiennes, des événements de vie stressants, des traumatismes de la vie, un stress chronique … ;
  • Des paramètres de l’immunité, en particulier les pourcentages de cellules T (un type de cellules immunitaires) naïves et différenciées et le ratio entre les cellules CD4+ et CD8+.

L’idée initiale des chercheurs reposait sur le constat que l’exposition au stress constitue un facteur de risque de mauvaise santé et de vieillissement accéléré. Le vieillissement immunitaire joue un rôle majeur dans la santé immunitaire et dans le vieillissement tissulaire. En effet, il se traduit notamment par une baisse des cellules T naïves et une augmentation des cellules T différenciées.

Le stress social favorise le vieillissement immunitaire

Dans cette étude, l’exposition à un traumatisme de la vie ou au stress chronique s’associe à un pourcentage plus faible de cellules CD4+ naïves. Par ailleurs, les personnes souffrant de discrimination ou de stress chronique présentaient un pourcentage plus élevé de cellules CD4+ différenciées. Les événements stressants de la vie, la discrimination continue et les traumatismes de la vie s’accompagnaient d’un pourcentage réduit de cellules CD8+ naïves. Les événements stressants de la vie, la discrimination continue et le stress chronique s’associaient à un pourcentage plus élevé de cellules CD8+ différenciées. Enfin, la discrimination continue et le stress chronique étaient reliés avec un ratio CD4+/CD8+ plus faible.

Ces résultats révèlent un lien entre l’anxiété sociale et l’immunité, et notamment des paramètres importants dans le vieillissement immunitaire. Certains facteurs liés au mode de vie ou la séropositivité au CMV (Cytomégalovirus) avaient tendance à réduire l’importance de ce lien. Ainsi, l’anxiété sociale pourrait contribuer selon cette étude à accélérer le vieillissement immunitaire, d’où l’importance de la prendre en charge pour préserver la santé des personnes concernées.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Social stressors associated with age-related T lymphocyte percentages in older US adults: Evidence from the US Health and Retirement Study. pnas.org. Consulté le 6 juillet 2022.